The Penguin : Mafia à Gotham, le mélange parfait ?

La saga naissante du Batman de Matt Reeves, ayant vu le jour il y a maintenant 2 ans au cinéma, se voit aujourd’hui s’approfondir avec la sortie imminente de son premier spin-off. Une histoire de crime organisé agrémentée par le contexte unique de son lieu et de ses personnages prenant place une semaine après le film. On explore nombres recoins de Gotham par le biais du trafic de stupéfiant, différent selon les familles inhérentes à la pègre tel que les Falcone et les Maroni qui se verront chamboulés par la montée en puissance de Oz. 

Nous avons eu la possibilité de voir la saison entière en exclusivité, débutant officiellement sur MAX le 20 septembre. 

Colin Farrell dans le rôle du Pingouin © HBO

“Ce monde n’est pas fait pour qu’un homme honnête réussisse.”

The Penguin nous emmène hors des sentiers battus de Gotham, là où le crime règne des lors que le chevalier noir et la police ne représentent plus une si grande menace. On y retrouve Colin Farrell dans le rôle de Oz Cobb qui, libéré du joug de Carmine Falcone dans The Batman, cherchera toujours plus de pouvoir, une faim insatiable pour quelqu’un qui toute sa vie se voyait sous-estimé et moqué par le reste du monde. 

Des échelons grimpés en parallèle de Victor Aguilar, interprété par Rhenzy Feliz, un autre voyou de bas étage qu’il prendra sous son aile car il se verra en lui, étant tous deux atteint d’un handicap. À Gotham, montrer les crocs est nécessaire pour ne pas se faire mordre et ce n’est pas chose aisé pour quelqu’un paraissant vulnérable ou nerveux, l’un étant pied bot et l’autre bègue. On y dresse ici la fracture entre un jeune naïf qui ne cherche qu’à survivre dans une ville mortifère et un homme rompu à l’exercice qui fera le nécessaire pour s’approprier le maximum. Vic apporte un côté humain à Oz, lui faisant dévoiler son intimité ce qui approfondit le personnage qu’on croyait connaître. On découvre aussi les conséquences que l’inondation du Riddler a pu avoir sur le peuple de Gotham, notamment sur Vic. 

La série pose efficacement les bases et ce dès les 10 premières minutes, les enjeux sont exaltants, le ton est cru, les conséquences seront brutales… Oz crée et s’adapte au chaos, l’utilise à son avantage quitte à ce que son impulsivité lui fasse prendre des risques inconsidérés aux lourdes conséquences.

Colin Farrell dans le rôle de Oz Cobb © HBO

Du grand écran au petit

Ce qui dénote assez rapidement néanmoins est la perte de la minutie visuelle et sonore à laquelle on avait été habitué dans The Batman. Là où le film voulait chaque plan exceptionnel accompagné d’une fabuleuse et importante bande son, la perte de Greg Fraiser et Michael Giacchino se fait ici facilement ressentir, étant visuellement plus pauvre et la bande son beaucoup plus discrète. Tout de fois logique étant donné que la série dure au total plus de 8 heures, chaque épisode comptant 1 heure, semblant 20 minutes au visionnage tant le tout est bien rythmé et intense. Mêlée à la disparition du point de vue anxiogène, très sombre de Bruce Wayne qui faisait le charme de ce thriller lent pour une vision plus chaotique de la rue tout aussi agréable à suivre.

En deçà du film sur ces points, la série l’égale cependant sur l’écriture. Chaque personnage est abordé avec beaucoup d’attention, tous plus complexe les uns que les autres et tous attachant malgré la cruauté dont ils font preuve pour prendre le pouvoir. Puis dans la lignée du film, le tout est porté par un florilège d’excellents acteurs, tous sortent leur épingle du jeu avec brio. Oz est possédé d’une hargne et d’une rage pour gravir les échelons que personne n’a. Venant des bas-fonds de Gotham, ce dernier est prêt à tout pour grimper jusqu’au sommet. Alors qu’on commence à s’attacher au personnage, notamment avec les relations qu’il entretient avec sa mère et Victor qui permet de l’humaniser, Oz commet de tels monstruosités qu’on en vient à être écœuré et le détester.

En dehors de Oz et Vic qui forment le tandem de la série, je retiendrais surtout le charisme à la folie sous-jacente de Cristin Milioti dans le rôle de Sofia Falcone, qui reprend le flambeau de son défunt père Carmine Falcone. Cette dernière vole très souvent la vedette à chacune de ses apparitions. Et bien évidemment la mère sénile de Oz, jouée par Deirdre O’Connell, à la fois ancrage et source de motivation aussi bien difficile à appréhender pour le spectateur qu’elle ne l’est pour Oz dans cette relation malsaine et tordue mais pourtant touchante malgré tout.

Cristin Milioti et Colin Farrell dans les rôles respectifs de Sofia Falcone et Oz Cobb © HBO

Comme son film mère, The Penguin semble être un ovni dans le champ des œuvres super-héroïques actuelles. 8 épisodes à la qualité non variable qui ne fait que de nous surprendre, une ambition personnelle qui se confronte aux vendettas d’anciens amis et au pouvoir en place des iconiques familles de la pègre de l’univers de Batman. Une série qui saura satisfaire le plus grand nombre ; des fans de film de mafia, l’une des sources d’inspiration à l’écriture de Oz étant Tony Montana du film Scarface selon Lauren LeFranc, aux fans du premier film étant donné le retour de certains personnages secondaires.

La série n’est tout de fois pas nécessaire à la compréhension de The Batman: Part II mais ajoute une profondeur non négligeable à Oz, qu’on retrouvera dès lors en 2026 reprenant dans la continuité juste après la fin de la série.

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