Dune 2 : Le monument de SF des temps modernes

Dune: Deuxième Partie de Denis Villeneuve est enfin arrivé dans nos salles de cinéma ! Sortant 3 ans après le premier film, la deuxième partie adapte la seconde moitié du premier roman de Frank Herbert sortie en 1965. L’histoire reprend quelques temps après le premier film sur Arrakis avec Paul Atreides interprété par Timothée Chalamet et Dame Jessica, interprétée par Rebecca Ferguson vivant parmi les Fremens.

Dune est réputé pour porter une certaine poisse dans le milieu du cinéma, d’être une saga inadaptable. Le film de David Lynch, un projet ambitieux qui est resté en travers de la gorge du cinéaste, le projet tumultueux de Jodorowsky qui a eu le droit à un documentaire et même les films de Denis Villeneuve, qui ont vu leurs dates de sortie repoussées à plusieurs reprises en raison du COVID en 2021 pour le premier opus et de la grève des acteurs/scénaristes à Hollywood en 2023. Denis Villeneuve est-il parvenu à briser la malédiction de l’œuvre inadaptable ?

Denis Villeneuve aux cotés de Timothée Muad’Dib Chalamet Atreides

Le premier volet a été une véritable surprise, un gros coup de cœur. Villeneuve et son équipe de talent (les gros noms mais on remercie TOUTES les personnes impliquées dans ce projet dantesque) qui comprend le chef opérateur Greig Fraser, le chef décorateur Patrice Vermette, Hans Zimmer à la composition musicale, le sound design par l’équipe de Mark Mangini… ont su brillamment nous faire immerger dans l’univers de Frank Herbert et à nous proposer un grand moment de cinéma. Des talents qui ont été récompensés lors des Oscars en 2022 où le film avait reçu un total de 10 nominations dont 6 victoires. Un film qui a connu son succès malgré la pandémie COVID en 2021.

Cette deuxième partie est indéniablement une réussite. Avec une durée de deux heures cinquante, soit vingt minutes de plus que son prédécesseur, le film nous transporte dans l’univers fascinant de Frank Herbert, nous faisant oublier le monde extérieur grâce au talent incontestable de Villeneuve et aux performances exceptionnelles des acteurs. La magie du cinéma opère, et Denis Villeneuve honore cet art avec brio. Dune 2 est plus audacieux, plus grand et intime que son prédécesseur. Là où le premier pouvait diviser de part son exposition minutieuse de l’univers et de son rythme un peu plus lent, la deuxième partie offre un contraste saisissant. Elle se révèle, comme dit précédemment, plus audacieuse tant sur le plan technique que narratif, avec des acteurs au sommet. La photographie de Greig Fraser accapare l’attention dès les premières images, le travail sur les effets spéciaux, les costumes… c’est vraiment fascinant. L’attention minutieuse que Denis Villeneuve a consacrée à ce projet permet de donner vie à Dune. Denis Villeneuve ose aborder des aspects spécifiques du livre, notamment l’aspect religieux, avec maîtrise. Comme vous le savez sans doute, l’œuvre de Frank Herbert a influencé de nombreuses œuvres comme Star Wars, et on aurait pu croire que les répétitions (schéma de la quête du « héro », la famille, plot twist…) se feraient ressentir mais non, DUNE reste une œuvre unique et brillante à découvrir.

Plein la rétine

Greig Fraser délivre très probablement ce qui est son meilleur travail à ce jour. La photographie est sublime, une telle avancée par rapport au premier opus. J’ai adoré la diversité de la palette de couleurs (couleur normale, noir & blanc, infrarouge…), notamment avec la narration visuelle où chaque environnement a son propre code couleur.

« Cette fois, on a adopté une démarche un peu plus expérimentale. Par exemple, quelle est la lumière naturelle sur Giedi Prime ? Il s’agit d’un univers fasciste, un monde sans nuance, sans subtilité, un monde très dur – un monde en noir et blanc. Je me suis dit que la couleur n’existe pas dans ce monde, y compris à la lumière du soleil, et j’ai donc souhaité tourner en noir et blanc – et Greig a adoré cette idée. Il a effectué des modifications sur les filtres ultra-rouge à l’intérieur de la caméra et utilisé un filtre qui crée un noir et blanc très inquiétant et qui donne une allure très singulière à la peau et aux yeux des personnages. D’où cette tonalité surréaliste dans les éclairages que j’adore. C’est très effrayant. »

Denis Villeneuve (Note de production)

Souvent similaire au premier opus, la musique de Hans Zimmer réussi tout de même a approfondir cette immersion dans l’univers. Les nouveaux thèmes correspondent parfaitement à l’ambiance et ajoutent tellement d’émotion et de profondeur aux scènes, notamment KISS THE RINGS ainsi que le thème de Paul et Chani.

Parlons maintenant des performances. Timothée Chalamet et Zendaya ont tous les deux plus de temps à l’écran et mettent parfaitement en valeur leur conflit intérieur affectant leur relation (même si j’aurais aimé plus de profondeur). Timothée Chalamet est bluffant. Son personnage est complètement déchiré, face à ses pensées les plus sombres. Ce qui est bien, c’est que peu importe à quel point il peut les résister, c’est quelque chose d’inévitable, qui va arriver. Et quand c’est le cas… l’acteur s’élève à un très haut niveau et dirige d’énormes scènes entières à lui tout seul grâce à sa présence et son regard. Il livre ce qui pourrait être sa meilleure prestation, un jeune homme complètement partagé entre son amour pour Chani et son cœur plein de haine pour venger son père. Sa transformation tout au long du film est époustouflante.

Pour Zendaya, c’est facilement son meilleur rôle à ce jour. Son portrait de Chani est nuancé et subtil, tout comme l’amour qu’elle ressent pour Paul, caché des Fremen. J’ai aussi adoré la façon dont elle semblait vraiment nerveuse et inquiète pour Paul lors de sa première balade en vers des sables, et le sourire et le soulagement sur son visage quand elle le voit réussir. L’actrice convaincante, une force de la nature avec des émotions contradictoires et elle l’exprime parfaitement sans avoir à parler, son visage dit tout.

Autre performance qui m’a marqué : celle de Javier Bardem. La foi qu’il transmettait était fascinante et aussi dangereuse car elle dépasse les limites du fanatisme. Au départ, son rôle est tourné vers un ton humoristique où il n’est pas pris au sérieux jusqu’à ce que la prophétie prenne place. C’est là que le propos du film prend tout son sens, on ne peut pas ignorer le fanatisme et l’adoration religieuse, il fallait s’en méfier. Cela fait écho à la scène entre l’Empereur et sa fille où cette dernière explique à quel point le pouvoir de la croyance est fort, très fort. Quant à elle, Rebecca Ferguson endosse un rôle presque de “méchante”, elle est absolument terrifiante, surtout quand elle chuchote avec sa voix qui se rapproche du son d’un serpent. Son but, toujours dans le thème de la religion et de la propagande, et traité sans débordement et exagération, un changement fondamental pour le personnage de Jessica qu’on ressent brillamment dans le jeu de Rebecca Ferguson ! D’ailleurs, le film met bien plus avant la puissance de l’ordre des Bene Gesserit. Ces “sorcières” qui prévoient et planifient tout depuis des milliers d’années sont derrière toute cette prophétie. Par ailleurs, une série préquelle sur les sœurs Bene Gesserit sortira au prochain trimestre 2024 sur MAX, a annoncé le PDG de Warner Bros Discovery.

Cependant rien à dire de plus sur Florence Pugh et la performance de Austin Butler. Florence incarne la princesse Irulan qui sera bien plus mise en avant dans le troisième film et Austin (qui interprète Feyd-Rautha) délivre une performance surprenante quand on passe de Elvis à Dune 2 mais sans plus, il reste très bon dans ce rôle de sociopathe !

Tout comme le premier film, le sound design du film prend une place majeure dans la réussite de l’œuvre. Dans le premier film j’ai été véritablement marqué par le son des ornithoptères et de « la Voix« , et le travail sur cette deuxième partie est toujours une réussite. L’exemple le plus simple et pourtant celui qui m’a le plus marqué et le combat entre Paul Atréides et Feyd-Rautha. C’était tellement brut, pas de musique, pas de dialogues, juste le son de l’air, des coups et des souffles coupées. Pour continuer sur l’action, elle est beaucoup plus présente dans cet opus que le précèdent comme l’avait promis Villeneuve, et ce n’est pas décevant. Le climax est extrêmement prenant émotionnellement et visuellement, j’aime beaucoup comment on est mélangé (au moment du combat entre les Fremens et les sardaukar) dans cette masse de violence. Dune n’est pas qu’une simple histoire de gentil ou méchant, c’est une œuvre que j’ai pris beaucoup de plaisir à découvrir grâce au film de Denis Villeneuve et que je ne regrette absolument pas. D’ailleurs, si vous voulez connaitre l’univers de Dune en profondeur, sur ses thèmes, influences… je vous recommande fortement l’ouvrage de Nicolas Allard « Dune un chef-d’œuvre de la science-fiction » !

Plus grand, plus épique, plus intime… Denis Villeneuve nous livre un second opus qui élève la saga Dune au rang des meilleurs blockbuster modernes sci-fi. Une œuvre à ne pas rater au cinéma.

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