Après une pandémie et une grève des acteurs et des scénaristes, le dernier volet de la franchise Mission Impossible est enfin sorti au cinéma. On était au Festival de Cannes pour l’avant-première mondiale du film, et on vous en parle (sans spoiler)…
The Final Reckoning fait donc office de suite directe au précédent opus sorti en 2023 : Dead Reckoning Partie 1 (le titre ayant été changé suite à l’échec au box-office de ce dernier). Mais c’est aussi un film qui doit faire guise de conclusion pour Mission Impossible, récemment confirmé par Tom Cruise en interview. La pression est donc très forte pour ce 8ème opus, là encore réalisé par Christopher McQuarrie, qui réalise tous les épisodes depuis le 5ème. Et le problème c’est que le film se rate à bien des égards, justement à cause de toutes ces ambitions.

À vouloir conclure la saga, McQuarrie s’efforce de recoller les morceaux avec tous les films précédents. Il le fait d’une manière trop appuyée et relativement indigeste, en remontrant constamment des scènes déjà vues des premiers films et de Dead Reckoning. Il fait ça tellement de fois qu’on a presque l’impression qu’il prend son spectateur pour un imbécile ne comprenant pas ce qu’il se passe à l’écran. Et évidemment, comme à son habitude, il ne laisse jamais les scènes respirer, tout était déjà sur-découpé avant, et ces flashbacks n’arrangent pas les choses. Ces problèmes de montage ne sont pas aidés par les dialogues qui, comme dans la première partie, sont sans cesse en train d’expliquer toutes les situations sans la moindre subtilité. Le début du film est alors bien trop bavard et devient rapidement ennuyeux.
Et même en voulant développer son récit, McQuarrie s’emmêle, ne parvenant pas à trouver une quelconque cohérence avec Dead Reckoning. Non seulement la menace de l’IA ne fonctionne plus du tout de la même façon et n’interagit plus au sein du film, mais il ne compense pas avec l’existence quasi nulle des personnages secondaires. Pour ainsi dire, Ethan Hunt n’a plus aucune alchimie avec eux, et lorsqu’ils sont à l’écran, ils n’ont aucun développement et ne sont que fonctions. Par exemple, le méchant principal, Gabriel (Esai Morales), en est le symptôme évident. Tout le passif qu’on essayait de mettre en place dans la partie une entre lui et Ethan est ici passé à la trappe. Il devient même ridicule lors de tentatives douteuses de donner de la légèreté à un ton de film déjà bien trop grave.
Finalement, l’une des qualités de Mission Impossible : The Final Reckoning est heureusement là où l’attendait le plus : ses scènes d’action. Le film ne fait peut-être pas preuve de la générosité habituelle des Mission Impossible ou même d’un Top Gun: Maverick, mais on prend quand même un certain plaisir lorsqu’il y en a un, notamment dans la dernière partie du récit. Deux grosses scènes ont été vaguement montrées dans la promotion, une aquatique et l’autre aérienne, et elles sont bien à couper le souffle (on a d’ailleurs hâte de revoir le film en IMAX). C’est bien les rares moments où la mise en scène est très efficace, jouant aussi habilement sur la durée de ses séquences. Et évidemment, Tom Cruise fait preuve d’un dévouement toujours aussi impressionnant, d’autant plus pour son âge.

Alors oui, ce 8ème opus est relativement décevant. Il est dans la lignée de Dead Reckoning, nous faisant penser une nouvelle fois que Christopher McQuarrie devrait laisser de côté la franchise. Tom Cruise fait toujours de son mieux et peut-être que beaucoup des problèmes sont dus à la production compliquée du film entre pandémie et grèves, mais il n’en reste pas moins qu’on aurait espéré une meilleure sortie pour la saga.