C’est un plaisir d’écrire une critique sur un film qui aura souffert du fameux syndrome de “l’image promotionnelle qu’on a vue de partout jusqu’à ce qu’on commence à avoir des infos sur le film”. Parce que oui, Havoc, ou plutôt Ravage en VF, est enfin disponible sur Netflix depuis ce 25 avril malgré une communication quasi inexistante. On doit notamment ce projet à Gareth Evans, l’homme derrière les deux films The Raid. Très attendu depuis son annonce et son tournage en 2021, le film a dû surmonter pas mal de galères (report, grêve des scénaristes, reshoots) avant d’arriver sur la plateforme. Alors, est-ce que le maestro de l’action aura sû répondre aux attentes ? (réponse, oui en partie).
Si le nom de Gareth Evans ne vous a pas suffit, vous pouvez compter sur ce casting cinq étoiles : Tom Hardy (Walker) dans le rôle principal du flic qui règle ses interventions à coup de bagarres, avec évidemment sa coéquipière débutante interprétée par Jessie Mei Li (Ellie). S’ajoute à cela Forest Whitaker (Lawrence Beaumont) le politicien qui règne un peu trop sur sa ville, les flics corrompus joués par Timothy Olyphant (Vincent) et Richard Harrington (Jake). Et si c’est toujours pas assez, la triade chinoise est présente, pour le divertissement de tous évidemment.

Passons au vif du sujet, Ravage démarre sur une impressionnante séquence de course-poursuite où nos fameux flics traquent des dealers de drogue. Ce qui est regrettable, c’est la surutilisation de la CGI durant la scène, parfois un peu trop visible. Cela dit l’immersion est totale, Evans propose des mouvements de caméras assez inventifs qui auraient été compliqués à reproduire en effets pratiques sans entraîner une galère supplémentaire pour la sortie du film…
Avec un protagoniste anti-héros, une police corrompue et un politicien déconnecté, l’univers de Ravage évoque presque Gotham City. Une ville à l’esthétique du Hong Kong de Ringo Lam (Full Contact) gangrénée par le crime où Tom Hardy endosse le rôle du justicier solitaire. Le grand retour en force de l’acteur dans le feu de l’action après l’excellent Mad Max: Fury Road (on oubliera les douloureuses années où il était coincé avec le rôle de Venom).

La raison pour laquelle on est là, c’est pour l’action. Il faudra être patient durant la première heure qui pose son intrigue avec quelques petites séquences de teasing qui annoncent l’anarchie qui suivra. Ce qui est dommage, c’est l’écriture un peu trop caricaturale qui prend beaucoup trop d’ampleur sur le reste. On a déjà pu le voir dans les films The Raid : le point fort du réal n’est pas le scénario et à force, le film se perd dans son rythme. Mais dès lors que Ravage s’emballe c’est un immense chaos. La fameuse scène dans la boîte de nuit fait partie des plus marquants de ces dernières années, ça s’ouvre sur un joli plan-séquence puis enchaîne dix minutes de pure action de gunfights stylés aux influences de John Woo. A partir de là, tout s’enchaîne jusqu’au climax. Là encore Evans ne déçoit pas. Difficile de ne pas penser à toute la folie de Hard Boiled dans cet assaut final à couper le souffle. C’est jouissif, explosif et survolté, tout ce qu’on attendait au final.

L’année 2025 était plutôt calme côté action. Entre la suite ambitieuse de Creation of the Gods, Demon City, le très fun Novacaine et celui qui est passé inaperçu ici, Fight or Flight, on attendait impatiemment le retour de Gareth Evans. Malgré un rythme décousu et une écriture bancale, difficile de ne pas prendre un immense plaisir devant Ravage. Un polar urbain qui met du temps à démarrer mais qui finit par offrir le spectacle attendu. Celui qu’on attend désormais, c’est Nobody 2, signé par l’excellent Timo Tjahjanto.