Bref, après avoir inventé le format TikTok 10 ans avant tout le monde, la question d’une suite ne se posait pas vraiment. On regardait tous les soirs les épisodes diffusés en fin du Grand Journal présenté par Michel Denisot, on riait, on appréciait, on se disait même parfois que c’était clairement un miroir de notre vie. Bref, c’était bien.
Alors quand on a tous vu Kyan Khojandi reprendre du bide, des cheveux et présenter Hot Ones en même temps, c’est à ce moment que j’ai commencé à tiquer. Et s’il était en train de nous prendre de court en faisant une suite ? Alors y a quelques vidéos qui ont tourné sur internet, de Kyan qui sort d’un magasin, des camions de tournage, des éclairages pas du tout naturellement placés pour faire croire que c’était normal. Bref, c’était reparti.

Et le moins que l’on puisse dire, c’est que Bref collait avec l’esprit Canal de l’époque. On parlait sexualité, bédave, relations chiantes… Bref, Bref, ça parlait de tout ça à la fois. Et même si j’étais pas encore en âge de tout comprendre, il aura fallu attendre la ressortie de la saison 1 sur Disney+ pour réaliser que j’étais Je, enfin, quelques fois. Puis y a eu cette affiche dans les métros parisiens, avec juste deux lettres et cette police bien trop singulière pour être une coïncidence. Kyan était de retour, toute sa clique aussi, et la seule question était de savoir si le format qu’on avait apprécié revenait lui aussi. Eh bah perdu pour le coup, hein. Passer de 82 épisodes de deux minutes max à seulement 6 de 30, c’était osé.

Mais surtout, est-ce que la série évolue avec son temps ? Alors faut croire que oui, puisque Canal+ a décliné l’offre de récupérer le programme pour une seconde fournée. Tu m’étonnes qu’ils n’en aient pas voulu, vu tous les sujets abordés ! Entre le fait que ça cause de polyamour, de dépression, de remise en question, de se séparer des gens toxiques pour aller de l’avant, ça ne collait plus trop avec la mentalité Bolloré du groupe noir et blanc. Du coup, Disney+ est passé par là, et c’est tant mieux, parce que cette deuxième saison est une sacrée réussite.
Bref, à l’époque, ça débordait toujours d’idées visuelles, d’idées de mises en scène et de propositions narratives pour nous permettre de nous retrouver dans ce que l’épisode du jour proposait. Alors ça aurait bien pu mal tourner, être une sorte de journal intime du vieux con de 40 ans qui expose ses petits problèmes à la vue de tous, mais heureusement, il n’en est rien. Ça a quelques facilités, mais les séquences costumées et sous fond vert sont une brillante idée de réalisation qui nous permettent vraiment de nous mettre à la place des personnages, de ce qu’ils vivent et de ce qu’ils ressentent également (mention spéciale à la fausse pub pour le Malaccompagnax 3000 qui est vraiment bien fichue).

Mais ce qui frappe surtout, c’est la façon dont la série pousse à la réflexion sur nous, et sur le temps qui s’est écoulé entre la première et la seconde saison. Beaucoup d’années se sont écoulées, beaucoup de choix ont été pris et pas toujours les bons, mais surtout, ce qui frappe c’est la façon qu’a la narration de nous prendre par les épaules et de nous secouer pour nous permettre d’avancer. De nous débarrasser des Boyeuyeut qui nous pourrissent la vie, d’embrasser le fait que si certaines décisions ont été prises, c’est uniquement à cause du siège de devant, mais surtout de faire en sorte que ces six épisodes n’aient pas été produits en vain. Toutes ces réflexions n’auront pas été vaines pour moi en tout cas, et bien que je n’aie pas encore franchi le cap de la quarantaine et qu’il me reste encore tous mes cheveux sur ma tête, je sais désormais que le meilleur reste à venir.
Bref… tout recommence.