Better Man : Un biopic qui repousse les limites du genre

Si il y a un genre à la mode depuis quelques années, et ce de façon assez inattendue, c’est bien le biopic musical. Depuis le succès de Bohemian Rhapsody, le film sur Queen aux 4 oscars et presque 1 milliard de recette au box-office, chaque année c’est un nouvel artiste qui voit sa vie adaptée sur grand écran. Sans compter le biopic sur Michael Jackson prévu pour la fin d’année, ce début d’année commence déjà fort avec Un Parfait Inconnu de James Mangold, avec un Timothée Chalamet impressionnant en Bob Dylan. Mais aussi et surtout, Better Man de Michael Gracey, où un singe en CGI retrace le parcours spectaculaire de Robbie Williams, actuellement au cinéma.

Spectaculaire, c’est bien le mot qui nous vient en tête en sortant de Better Man. Le film retrace donc une longue période de la vie de Robbie Williams, de son enfance difficile jusqu’à son ascension en tant que star mondiale, notamment avec sa performance au Knebworth Festival en 2003. On passe donc par les chansons les plus emblématiques de l’artiste, ici utilisées de façon intra-diégétique où les personnages se mettront à chanter pour refléter des expériences ou exprimer des sentiments, faisant du film une vraie comédie musicale.

Certaines séquences se révèlent alors brillantes et débordantes d’énergie comme celle de « Rock DJ« , impressionnante d’inventivité et parfaitement chorégraphiée. La mise en scène de Michael Gracey est assez remarquable en ce sens. Ça déborde  d’idées, la caméra est en mouvement constant, et il joue sans cesse avec les moindres détails du décor ou de la lumière pour toujours innover dans sa forme.

La preuve d’innovation de ce Better Man, c’est évidemment l’idée d’avoir un singe en CGI pour interpréter Robbie Williams. On peux y chercher certaines significations. Peut être que ça représenterait symboliquement le fait que l’artiste soit considéré comme une bête de foire, ou peut être qu’il s’agit pour le chanteur d’un moyen d’exprimer sa singularité. En tout cas ce choix permet justement au film de prouver cette singularité par rapport aux autres biopics de ce genre. C’est simple, on aurait jamais pensé qu’un croisement entre Rocketman et La Planète Des Singes marcherait si bien, et on doit ça en partie au studio Weta Digital, déjà derrière les derniers films de la saga aux singes.

Au sein de ce film, l’animal n’est jamais considéré comme tel par les autres personnages, seul le spectateur le voit, et ça ne tombe jamais dans le ridicule. On arrive même à avoir de l’émotion et de l’empathie pour ce singe, car c’est un alter-égo qui permet à Robbie Williams, aussi narrateur dans l’œuvre, de se délivrer au public de la façon la plus libre possible, en évoquant les hauts avec beaucoup d’égo, et les bas sans que ce soit très familiale.

L’un des problèmes d’être aussi frontal dans l’évocation des moments de chute de l’artiste est que le film y va sans la moindre subtilité. C’est outrancier à souhait, ce qui n’arrange pas la simplicité de son scénario, avec une trame toujours très classique pour un biopic. Le film a envie d’en faire beaucoup mais on ressent parfois le sentiment qu’il en fait trop. Derrière son côté effréné, l’œuvre se révèle surtout parfois épuisante. Pendant 2h15, on a peut parfois trouver le temps long tant le film ne nous laisse pas respirer.

Mais finalement, Better Man est surtout un film attachant. Un film où un artiste se livre au spectateur, en oubliant jamais son envie de proposer un grand spectacle, divertissant, et débordant de cinéma. Si il emprunte tout de même des voies communes, on ne peux pas nier notre plaisir devant cette œuvre rafraîchissante, mais surtout très exubérante.

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