Jesse Eisenberg signe son deuxième long métrage derrière la caméra avec la sortie de A Real Pain, étant par ailleurs son premier à faire sa distribution dans nos salles françaises, dès le 26 février 2025. Une comédie aux sentiers dramatique suivant deux cousins, Benji et David, joué respectivement par Kieran Culkin et Jesse Eisenberg, dans une quête de reconnexion à leurs racines après le décès de leur grand-mère. De confession juive et ayant survécu aux camps de concentration, cette quête mémorielle se fera par l’intermédiaire d’un guide touristique en Pologne, accompagné de diverses personnes qu’ils apprendront à connaitre en chemin.

A Real Pain se traduit par 1 heure et 30 minutes de sincérité passionnante, un traitement de ses personnages d’une justesse à en crever l’écran. Le tout porté principalement par Kieran Culkin, déjà connu pour un rôle similaire (bien que beaucoup plus bourgeois et vicieux) en tant que Roman Roy dans Succession où ici déjà les sourires et les blagues cachaient quelques choses de plus profond et sombre. Une interprétation remarquable d’un homme perdu et endeuillé au fond pur et bienveillant, ayant déjà été récompensés comme meilleur acteur secondaire aux Golden Globes ainsi qu’au BAFTA Awards et nommé aux Oscars. Une performance intensifiée par un ensemble crédible, notamment grâce aux divers acteurs partageant l’écran lors du circuit accompagné et de son cousin diégétique. Jesse Eisenberg ayant l’habitude de jongler du personnage charismatique à l’exact opposé, de Insaisissables à The Social Network pour ne citer qu’eux ou bien même les deux à la fois en tant que James Simon et Simon James dans The Double, réitère ici en étant particulièrement coincé en tant que David faisant office de pôle opposé à celui de Benji.

La force de l’œuvre se retrouve finalement dans son écriture, Jesse Eisenberg, s’occupant aussi du script, délivre une réflexion sur le deuil et un rapport à la souffrance propre à chacun, où les aprioris et les barrières sociales qu’on s’impose n’ont pas lieu d’être. La relativité d’une souffrance psychologique se fait savoir lors du devoir de mémoire aux juifs décédés lors de la seconde guerre mondiale, un propos lourd traité avec justesse rappelant aussi l’importance de ceux qui sont encore présent. Un changement de point de vue apporté tout au long du film par Benji, sa sincérité au premier abord parfois dérangeante servant tantôt de relâchement tantôt de retour à la réalité aux groupes et aux spectateurs. Un personnage en outre profondément humain et complexe qui saura captiver, apportant autant de tendresse que de gravité, traitant chacun comme étant de la famille plus ou moins lointaine qui mérite d’être écouté.
A Real Pain est donc une piqure de rappel touchante et comique, percutante et drôle, un devoir de mémoire à ceux qui nous ont quittés et une lettre d’amour à ceux qui sont encore parmi nous, n’importe qui peut être un ami. Malgré une mise en forme assez académique, que ce soient les musiques de chopin ou le travail à la camera, A Real Pain se présente comme une grande réussite et méritant de ses éloges.