Marche ou Crève : l’odyssée d’une jeunesse sous emprise

À l’origine, on allait voir cette nouvelle adaptation de Stephen King sans en attendre grand-chose, certaines adaptations récentes comme le ridicule The Monkey de Oz Perkins ou Le Croque-Mitaine oubliable de Rob Savage nous ont fait reculer, mais comme des merveilles peuvent exister (Life of Chuck de Mike Flanagan) sait-on jamais…

Marche ou Crève, réalisé par Francis Lawrence (bien que Frank Darabont, spécialiste des adaptations de King, ait failli s’y atteler) — l’homme derrière les Hunger Games — se concentre sur un groupe de jeunes hommes uniquement qui vont devoir effectuer une très longue marche à travers l’Amérique jusqu’à ce qu’il n’en reste plus qu’un. À l’arrivée, une grosse somme d’argent est prévue, et un vœu à faire. Évidemment tout cela n’est pas sans risques : si un candidat ne peut plus poursuivre la marche, il est sauvagement abattu par les militaires qui suivent le parcours prêts à suivre les consignes à la lettre. Jour et nuit, cinquante candidats vont marcher sans s’arrêter. Comme on le disait, la base est intéressante, mais il restait à voir comment Lawrence allait s’emparer du projet, lui qui a déjà un certain savoir-faire pour adapter des récits dystopiques où il est question de vie ou de mort, de sacrifices, de stratégies et plus encore. Et effectivement on ne se trompe pas sur ce point !

La plus grande force de cette nouvelle adaptation est sans aucun doute les protagonistes et la peur de les voir échouer. Le film ne préserve d’ailleurs pas les âmes sensibles, le titre parle de lui-même, c’est assez impitoyable. Plus le film avance plus les corps et des mares de sang décorent la route, et comme on le disait, on est aux premières loges pour constater à quel point Francis Lawrence est fidèle à l’esprit viscéral du roman. Tout cela désigne bien évidemment une Amérique noircie par la violence et la dictature actuelle. Certes, l’intrigue se déroule dans un futur approximatif, mais ce qu’elle renvoie n’est guère éloigné de l’actualité, et bien entendu l’Amérique de Stephen King est toujours assez proche de son évolution géopolitique.


Mais hormis la barbarie qu’on retiendra principalement, l’équation compte aussi des héros tous solides et bien développés, qui partagent bien plus qu’une marche et des valeurs communes : l’espoir de s’en sortir vivants !
Cooper Hoffman livre une prestation réellement crédible, et sa souffrance, tout comme celle des autres (notamment David Jonsson, qui joue McVries), se ressent, et c’est pourquoi ce scénario convainc par-dessus tout. La violence et la souffrance font ici complètement corps, permettant au spectateur un investissement à chaque instant !

Ce qu’on pensait au départ n’être qu’une adaptation sans âme ni force se révèle être une bonne surprise de plus pour le cinéma cette année (encore une fois, on vous recommande aussi le sublime Life of Chuck). Francis Lawrence, qui s’en sortait très bien avec Hunger Games, propose une réalisation à la hauteur de ses héros avec des plans-séquences très réussis. On espère que Running Man, la prochaine adaptation de Stephen King par Edgar Wright prévue pour le mois prochain, sera à la hauteur.

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